Gary Kurtz

DOSSIER DE PRESSE

Gary Kurtz, un intrus dans votre tête.

Lassé par la magie classique, ce Canadien présente à Paris un sidérart numéro de mentalisme : il semble lire dans les esprits, mais refuse d’être pris pour un voyant.

GARY KURTZ déplie ses 194 centimètres et ses longs membres fins d’ancien danseur. Sans attendre la première question, le Canadien ouvre la conversation, semble s’ouvrir lui-même. « En ce moment, je fais des rêves grotesques comme des tableaux de Jérôme Bosch : les personnages sont pleins d’amour, mais ils ont le visage déformé comme Elephant Man. Je viens de suivre une thérapie de groupe, et c’est incroyable de constater à quel point tout le monde à l’air normal mais que chacun recèle des choses monstrueuses en soi. Dans mes rêves, la situation s’est inversée : la laideur est à l’extérieur, l’amour et la beauté à l’intérieur... » L’interprétation va de soi : dans son monde onirique comme dans ses spectacles, Gary Kurtz voit non pas les façades, les masques que les individus portent, mais ce que ces derniers cachent.

Sur scène, il fait monter quatorze spectateurs, choisis au hasard. Des cobayes dont il lit les pensées de manière purement sidérante. A une demi-douzaine d’entre eux il confie d’épais livres, demande d’ouvrir les ouvrages à une page inconnue de lui et, toujours sans rien voir, récite la première ligne de la page.

Plus fort encore, il propose à une spectatrice de piocher dans le livre un mot complexe et de le lui « projeter mentalement ». Sur un bloc-notes, il écrit de chiffres et de lettres, « 1871cg3b ». Évidemment, cela ne fait pas un mot. Mais que le spectateur tenant le dictionnaire regarde page 1871, sur la colonne de gauche, la troisième définition en partant du bas et il tombera sur « vagabondage », le mot retenu par la participante...

Les cobayes se changent aussi en juges, vérifient qu’il n’a pas d’oreillette, pas de bouton de manchette-caméra, rien dans les poches ni dans les chaussures – Gary Kurtz termine son spectacle sans veste, pieds nus, les manches de chemises retroussées - , et lui collent 1 tonne de ruban adhésif opaque sur les yeux pour le plonger dans le noir. Rien n’y fait, rien ne résiste. Même aveuglé, il voit tout, décrit avec une précision stupéfiante les dessins que certains membres de l’assistance ont réalisés...

Puis il donne le numéro de série du billet de banque plié dans le portefeuille de celui-ci, bouge les aiguilles de la montre de celui-là sans toucher le remontoir, devine le numéro de téléphone d’une autre. Et cetera, et crescendo. Sixième sens ? Paranormal ? Télépathie ? Ou, comme le dit le titre de son spectacle, juste une illusion ?

Gary Kurtz est né il y a quarante-deux ans. Il a passé les dix-sept premières années de sa vie dans la ferme de ses parents, deux Allemands ayant émigré en Ontario. « On n’avait pas grand-chose...Je me servais beaucoup de mon imagination pour inventer, pour créer... » Il n’en dira pas plus sur son enfance. Dans son spectacle, il révèle que son père a été enrôlé à 6 ans dans les jeunesses hitlériennes, que sa mère a assisté, au même âge, au massacre d’une partie de sa famille par les troupes soviétiques, à la fin de la seconde guerre mondiale. Pourquoi ces détails ? « Pour montrer que tous les gens ont l’air normaux tant qu’on ne les connaît pas... » La remarque s’applique évidemment à lui-même. Gary Kurtz cultive le mystère, protège sa part d’ombre et d’étrange comme une pépite.

« UN MONDE DIFFÉRENT »

A 17 ans, il quitte la ferme, part à la ville – à Windsor, toujours en Ontario - , prend des cours d’art dramatique et d’arts plastiques. À deux pas, de l’autre côté de la frontière, il profite de Détroit l’américaine et de sa scène active de danse, de théâtre, de jazz. Attiré depuis l’enfance par la magie, il se met à l’étudier, à la pratiquer, en parallèle avec la danse, devient de plus en plus célèbre dans le monde de la prestidigitation, écrit des livres, donne des conférences, fait des tournées au Japon, aux États-Unis.

Ce jusqu’à la fin des années 1980, où il perd l’intérêt pour cette forme de magie : « Je butais contre les limites de ce qui était possible. Faire disparaître une pièce de monnaie n’apporte rien, hormis l’émerveillement. La vraie magie, c’est quand quelqu’un d’exceptionnel vous transporte dans un monde différent. Ce qui est important, c’est tout le côté psychologique, le fonctionnement mental chez le spectateur. » À partir de 1990, Gary Kurtz délaisse les accessoires, à la grande incompréhension de ses collègues, et ce lance dans le mentalisme, cette branche de l’illusionnisme qui, selon la définition, consiste « à jouer à l’intérieur du cerveau des gens ».

Très tôt dans son spectacle, Gary Kurtz balaie toute étiquette, tout genre d’explication, en disant à son auditoire : « Je vous laisse décider ce que je suis. » Il sait que tout l’attrait réside dans l’ambiguïté « vrai ou truc ». « Il y a toujours un moment où les gens, même les plus sceptiques, cessent de chercher les trucs, se disent "Je m’en fous, je laisse tomber "et, à la fin, presque toute la salle est devenue comme un groupe d’amis assistant à une expérience. Ils sont tous ensemble avec moi, et ça c’est magique ! »

Cette communion conduit au moment le plus troublant de la représentation, celui dit « des histoires personnelles », où Gary Kurtz fait venir à lui plusieurs spectateurs, s’assied à côté d’eux sur le bord de la scène et leur parle du meilleur copain pas vu depuis deux ans, de cette attaque au cours de laquelle ce policier à échappé à la mort, de la mère de ce spectateur, décédée il y a cinquante ans...

On n’a pas posé la question qui l’énerve plus que tout - « Quand avez-vous découvert ce don ? », car ce n’est pas un don, il ne veut pas qu’on le prenne pour un voyant – mais on ne peut s’empêcher de lui demander comment il fait.

« J’ai rencontré beaucoup de personnes. J’interprète leur âge, le langage corporel, le mouvement des yeux, j’utilise beaucoup de ficelles linguistiques. Cela donne un point de départ mais, après ça, il n’y pas vraiment d’explication... » On s’en serait douté : un bon magicien ne révèle jamais ses trucs. Un regard appuyé de ses étranges yeux jaunes picotés de brun dissuade d’insister. Mais à la question « Devinez comment je suis venu à notre rendez-vous », il répond : « je ne sais pas...à pied ? » Perdu, à bicyclette...
Pierre Barthélémy

Gary Kurtz donnera deux séries de représentations à Paris, en mars : du 2 au 7 à l’Européen, et du 24 au 27 au Bataclan.

Biographie

1961
Naissance au Canada

Années 1980
Commence la magie parallèlement à une carrière de danseur.

Années 1990
Se consacre exclusivement au mentalisme.

1999
Premier spectacle, « P3 »

2001
Crée le spectacle « Juste une illusion ? »