Gary Kurtz

DOSSIER DE PRESSE

L’illusionniste Kurtz ravit l’Europe

MICHEL DOLBEC
Gary Kurtz, qui vient de terminer sa deuxième série de spectacles à Paris, a séduit les médias français, même les plus sérieux comme Le Monde, unanimement « bluffés » par sa manière « sidérante » de « lire » dans les pensées des autres.

Le Montréalais profite, selon sa propre expression, d’un effet « boule de neige ». Depuis que la chaîne M6 lui a consacré une émission spéciale, au début de l’année, on l’a vu partout, à la chaîne d’info LCI comme chez Thierry Ardisson, à France 2 et à Canal Plus pas plus tard que vendredi dernier.

Du coup, les Parisiens, poussés par la rumeur, se sont précipités la semaine dernière à l’Européen (350 places), où Kurtz était de retour après y avoir fait ses débuts, en janvier. Dans 15 jours, le Montréalais de 42 ans donnera trois supplémentaires au Bataclan, avant de revenir en septembre au théâtre Marigny, sur les Champs-Élysées, première étape de sa tournée en Europe francophone.

De « culture européenne »

Ce succès pourrait paraître étonnant dans un pays soi-disant cartésien. Mais Kurtz, né à Toronto de parents allemands et de « culture européenne », sait où il met les pieds. Habile, il se garde bien de jouer les mages enturbannés. Dès le début de son spectacle, il prévient d’ailleurs le public : « Je n’ai pas de dons. Je ne suis ni un voyant ni un sorcier. »

« Je reste dans la réalité, explique-t-il en entrevue. J’évite la polémique. Ici, je ne prononce jamais le mot paranormal parce que je sais que personne ne l’accepterait. » Et s’il se laisse aller au détour d’une phrase à parler de ses « pouvoirs », il s’empresse d’expliquer qu’ils sont pour lui synonymes de « sensibilités ». « Mon rôle, c’est d’élargir les perceptions », lance-t-il, rappelant que ceux qui prennent leurs « pouvoirs » au sérieux finissent souvent comme animateurs dans les conventions.

LA CARRIÈRE FRANÇAISE de l’illusionniste Montréalais Gary Kurtz décolle.

Gary Kurtz, lui, se définit d’abord comme un artiste. « Je fais un one-man-show, dit l’ancien comédien et danseur. J’ai écrit les textes de mon spectacle. Mon approche est celle d’un acteur. »

Pendant deux heures, l’illusionniste livre donc un « divertissement drôle et surprenant », comme l’a souligné Le Figaro, un spectacle bon enfant au cours duquel il s’amuse, selon l’expression consacrée, à confondre les sceptiques...

Mise en scène par François Flamand, le spectacle est mené à un train d’enfer. Kurtz fait tourner sans y toucher les aiguilles d’une montre, « visualise » des dessins les yeux bandés, trouve un mot choisi au hasard par un spectateur dans À la Recherche du temps perdu ou, encore, devine le prénom du premier petit ami d’une spectatrice.

« Vous vous souvenez quand votre papa vous a surprises avec Ismaël ? », demande-t-il à la jeune femme rougissante, bien obligée de confirmer l’incident.

À la sortie de la salle, un spectateur dit avoir passé un « très bon moment », mais explique qu’il n’est « pas dupe ». « On sait bien qu’il ne lit pas dans les pensées, dit-il. Il a forcément des trucs, des complices, une mémoire exceptionnelle ou je ne sais pas quoi. Quand un magicien découpe son assistante à la scie, ce n’est pas vrai non plus. L’intérêt, c’est de se demander comment il fait et de ne pas comprendre. »

L’illusionniste, qui cultive sa part de mystère et d’ambiguïté, a dès lors atteint son but. « Ce que je veux, dira-t-il, c’est que les gens se posent des questions. Le doute fait partie du jeu et chacun est libre de croire ou non en ce que je fais. »